DISPARAITRE POUR VOIR
Exposition photo de Michèle Jullian à découvrir en janvier 2013
On dit qu’il neige parfois sur Chefchaouen…
Si on me demandait ce que représente pour moi la photo – en dehors du pur plaisir que j’ai à en faire – je répondrais spontanément : l’échange, la communication. A travers les regards ou les mots et surtout au-delà des mots. Partage d’un instant, complicité, lorsque la magie opère, jeu de miroirs : je me vois dans l’autre tandis qu’il m’observe jouer avec d’étranges objectifs. J’ai ressenti tout particulièrement cet effet en Asie, dans les ethnies de montagnes du Vietnam, de Thaïlande ou de Chine.
Je ne « vole » pas mes photos, ou très rarement et pour communiquer tout est bon : le sourire, l’humour, les mimiques, les tentatives d’approches à travers le langage.
Très vite, à Chefchaouen, dans le Rif marocain à trois heures de Tanger, j’ai compris qu’il me faudrait emprunter d’autres chemins, utiliser d’autres armes. Je ne pouvais plus « aller au devant de l’autre », il me fallait disparaître pour voir, car la population en général était plutôt hostile à ma caméra (même les enfants en bas âge). Les quelques portraits, je les ai volés de loin avec mon téléobjectif.
A Chefchaouen donc je suis devenue invisible, enfin j’ai tenté. Je me suis fondue dans le bleu, dans tous les bleus.
Attentive à choisir un décor - et tout était décor - je m’asseyais pendant des heures sur les marches d’un escalier, au coin d’une ruelle, et j’attendais, je laissais filer la vie devant moi. Sans déranger, sans importuner.
En dépit, ou grâce à cette difficulté – véritable challenge - j’ai pris plaisir à saisir des moments qui en disent long sur cette population de Rifains qui cultive le kif dans les rudes montagnes alentour.
Il n’y a pas eu communication entre nous mais il s’est passé autre chose de mystérieux dans cette ville aux portes closes où la vie se dérobe derrière les ruelles ou au détour d’un escalier. Vie secrète et furtive, masquée, parfois voilée et silencieuse, à l’exception du muezzin lors des appels à la prière. Alors place à l’imagination.
On dit qu’il neige parfois sur Chefchaouen, j’aimerais assister à ce spectacle insolite du blanc se répandant sur le bleu, un bleu si vaporeux que j’ai même cru parfois que le ciel s’était répandu sur la terre, un ciel sûrement jaloux des bleus de Chefchaouen.
Michèle Jullian
A noter : possibilité de gagner par tirage au sort une photographie signée de Michèle Jullian le 6 et le 13 janvier 2013 !
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